Le concours Eloquentia 2025 d’Hidaya

J’ai découvert Éloquentia grâce à ma professeure d’anglais, Madame Toquet, qui m’a permis d’assister à une première masterclass. (Événement regroupant tous les anciens finalistes Éloquentia pour prononcer leurs discours)
J’ai été bluffée par les finalistes, par cette assurance et la richesse des discours. J’ai su que je voulais tenter l’aventure. Je me suis inscrite un peu sur un coup de tête. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que j’irai jusqu’en finale, parmi les quatre derniers finalistes.
Le concours se déroule en plusieurs étapes. Mon premier discours portait sur le thème «L’aventure est au coin de la rue». J’ai pris ce sujet comme un terrain de jeu. J’ai jonglé avec les rimes, les images, j’ai osé sortir du cadre. Comme dénouement final, je me suis avancé vers le jury en gardant cette intention de le marquer.
C’était un peu théâtral, mais c’était assumé. C’était une façon de montrer que j’étais là, présente, engagée et surtout que j’avais l’envie de continuer.
Le deuxième discours – «A-t-on raison de dire qu’il ne faut jamais dire jamais ?» a marqué un tournant. C’est l’un de mes textes les plus forts. J’ai pris le «jamais» à revers. Pourquoi ne pourrait-on pas dire «jamais»? Pourquoi ne pas s’autoriser à poser des limites, à dire stop ? Jamais plus d’injustice, jamais de silence forcé. Ceux-là mêmes qui disent qu’il ne faut jamais dire jamais, ils le disent pourtant – quand l’essentiel est en jeu. J’ai utilisé la rhétorique, les références culturelles, et en même temps, j’ai gardé un ton personnel, presque intime. Le jury était touché et c’est ce qui m’a valu une place parmi les 8 sélectionnés sur 27.
Le troisième discours a été plus difficile, d’abord parce qu’on n’avait tout juste une semaine pour le préparer. Le thème : «Une part d’humanité loge-t-elle en chacun de nous ?»Je me suis prise à deux jours pour l’apprendre par cœur, ce qui m’a valu un trou de mémoire en plein milieu de ma prestation. Sur le moment, ce silence m’a paru interminable. Je me suis dit que j’avais perdu ma place en finale. Mais je me suis rattrapée, j’ai tenu bon. J’ai compris alors que ce n’était pas l’erreur qui comptait, mais ce qu’on faisait de ce qu’il restait à dire. Un discours peut encore être sauvé dans ses dernières secondes, à condition de parler vrai.
J’ai su tout de suite que je voulais parler de ma famille. J’ai écrit un passage pour mon père, sans lui dire à l’avance. Je l’ai regardé dans le public au moment de le dire (à la toute fin de mon discours). C’était brut, sincère. Je savais que c’était le public qui allait voter, et je me suis dit : si je veux aller en finale, je dois aller chercher l’authentique et par chance mais aussi par audace, ça a marché.
En finale, le sujet était : «La chance sourit-elle davantage aux audacieux ?» Ce thème, je ne l’ai pas pris à la légère. J’ai passé trois semaines entières à écrire ce discours. Je n’ai jamais été aussi investie dans une préparation. Chaque mot, chaque silence, chaque transition comptait. C’est ce travail minutieux qui m’a permis d’acquérir une rigueur nouvelle. J’ai appris à ne pas me contenter de ce qui me plaisait, mais à chercher ce qui fonctionne réellement face à un public.
Pendant ces trois semaines, j’ai été accompagnée par plusieurs coachs : un écrivain, une journaliste, un coach en développement personnel… Chacun avec sa méthode, chacun avec son regard. Ils n’étaient pas là pour me flatter, mais pour m’aider à progresser. Et ils osaient me dire franchement quand quelque chose n’allait pas. C’était exigeant, mais nécessaire.
Quand vint enfin la finale, j’ai tout donné. J’ai mêlé tout ce que j’avais appris : les rimes, les silences, la structure argumentative, les émotions. J’ai parlé à mon contradicteur. J’ai montré que je pouvais me confronter à une opinion différente sans me laisser déstabiliser. Et surtout, j’ai été chercher les phrases les plus poignantes pour un public qui ne connaît pas l’éloquence.
«La chance ne sourit pas à celles et ceux qui s’assoient, elle s’incline devant celles et ceux qui s’essaient.»
C’était l’une des phrases directives de mon discours.
Ce concours m’a aussi appris à être organisée, stratégique. Écrire, répéter, gérer la pression, tout en suivant le rythme exigeant de la prépa. C’était intense. Mais ça m’a aussi prouvé que je pouvais allier passion et travail. J’ai aussi appris à mieux gérer mon stress, même dans des conditions parfois défavorables (peu de temps pour écrire, incarner et apprendre par cœur etc…)
Éloquentia a aussi été un véritable déclic. C’est cette expérience qui m’a donné l’élan nécessaire pour entreprendre d’autres projets, notamment l’écriture d’un livre que je développe actuellement, en partenariat avec des maisons d’édition réunionnaises. J’ai compris que même à notre âge, il est possible de construire des idées solides, de les faire vivre, et de s’appuyer sur un réseau pour les concrétiser. L’éloquence et l’écriture, au fond, sont profondément liées : toutes deux permettent de transmettre, de questionner, de toucher. Cette aventure m’a aussi permis de créer un véritable lien avec une audience, de constater que la parole peut encore susciter de l’écoute, de l’intérêt, voire des prises de conscience. Et c’est, sans doute, l’un des plus beaux enseignements que je garde de cette expérience.
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